Dictionnaire Français-Anglais

L’histoire impose des interactions entre les langues, interactions qui varient selon le statut qu’occupent, les unes par rapport aux autres, les puissances langagières en présence. D’où, d’une ère à l’autre, les emprunts que celles-ci font à la langue dominante du moment : ainsi des emprunts que l’anglais fit au français du XVIIIe siècle, époque où la France occupait une place prépondérante dans la pensée et la culture occidentales ; ainsi, de nos jours, la subordination linguistique du français à l’anglais, en ce siècle où le monde anglophone occupe en toutes choses ou presque, et en tous lieux ou presque, le devant de la scène.

Mais il arrive qu’en s’imitant, ou en croyant s’imiter, les langues se trahissent. C’est ainsi que dans l’expression écrite aussi bien que parlée, un anglophone d’aujourd’hui évoquera, comme le faisaient jadis Rousseau ou Voltaire, un embarras de richesses là où, depuis longtemps, nous parlons, nous, d’« embarras du choix ».

Notre section s’intéressera aux expressions populaires (ou familières, voire argotiques) et à leur imagerie souvent cocasse ou burlesque, ainsi qu’à leur caractère foncièrement français, pour ne pas dire gaulois. Du fait de leur ancrage dans la langue d’un peuple spécifique (le peuple français ou telle autre nation francophone), ces expressions sont rarement transposables telles quelles dans la langue de Shakespeare ou dans celle d’Hemingway : la Grande-Bretagne et les États-Unis (sans parler de l’Irlande, du Canada, de l’Australie, de la Nouvelle-Zélande, etc.) ont des coutumes, des façons d’être et d’agir, des perceptions du réel et des tournures d’esprit historiquement et culturellement très différentes des nôtres — quand elles ne sont pas aux antipodes.